Lindon Selahi, le Jambois qui joue en D1 croate, de tout cœur avec les Diables… et Modric
Il y a un an et demi, Lindon Selhai, un talentueux footballeur jambois, ancien du Standard, rejoignait la première division en Croatie. Le match des Diables rouges aura une saveur pour le jeune homme, de retour au bercail pour quelques jours.
Trois semaines de vacances, c’est une première depuis longtemps pour Lindon Selahi. Depuis qu’il est gamin, ce Jambois d’origine albanaise a consacré toute sa vie au foot. Aujourd’hui professionnel, il profite d’un temps mort dans une saison bouleversée par la première Coupe du monde hivernale pour faire un petit coucou à la famille. Depuis un an et demi, Lindon évolue au HNK Rijeka. Le club occupe actuellement la 8e place du classement de la première division… en Croatie.
Autant dire que la rencontre décisive que disputeront les Diables rouges ce jeudi au Qatar a une saveur particulière pour le jeune homme de 23 ans. « C’est un match difficile à pronostiquer. Aucune des équipes n’est à son meilleur niveau mais il y a des grands joueurs des deux côtés, explique-t-il. Si les récentes déclarations d’Eden Hazard se confirment et qu’il y a onze guerriers sur le terrain, la Belgique va gagner. » Le footballeur jambois sera d’ailleurs supporter des Diables sur le coup de 16 h. Non sans un certain déchirement. « Dans l’équipe croate, il y a Modric, c’est un peu mon modèle », souffle-t-il.
Lindo Selahi rêve d’une carrière aussi riche que celle du Ballon d’or 2018. Il a déjà un point commun avec son idole: il est à l’aise dans le milieu du terrain et revendique un profil plutôt offensif. « Même si j’ai joué presque partout », dit-il.
De Namur en Croatie, en passant par le Standard
Du mouvement, il y en a sur un terrain de football mais aussi en dehors. À l’adolescence, Lindon quitte Namur, où il a fait ses premières armes (d’abord au CAPS, puis à la Sportive jamboise et enfin à l’UR, en D2) pour Liège. « J’ai intégré l’internat du Standard à l’âge de 13 ans. C’était du sérieux, se souvient-il. Ça a pu soulager mon père, à l’époque. Il a toujours tout fait pour que je passe pro, jusqu’à aménager ses horaires de travail. »
C’est pourtant le rival anderlechtois qui finit par débaucher le jeune joueur. Pour un court temps seulement. « Je suis revenu au Standard. Et j’y ai vécu ma première titularisation, à 18 ans. C’était en play-off, contre Anderlecht, au Parc Astrid. » Et Lindon de gagner, au passage, ses galons de joueur international. D’abord au sein des Diables rouges en U16 et pour l’Albanie ensuite, où il est désormais bien installé dans la sélection. « Si on avait été qualifié pour la Coupe du monde, j’y serais », assure-t-il.
À Jambes, sans GPS
Tenter une carrière au plus haut niveau est une longue route parfois semée d’embûches et de doutes. Après une première expérience hors frontières, dans les clubs de Twente et Willem II aux Pays-Bas, Lindon se retrouve sans contrat. S’ensuit un joli coup du destin: « J’ai reçu un appel de Rijeka. Je suis donc parti en Croatie. Je me suis tout de suite acclimaté. Le pays est magnifique. Je vis au bord de la mer et les gens sont sympas », dit-il. Pourtant, le Jambois envisage déjà la suite. « C’est difficile aujourd’hui pour un joueur de rester pendant des années dans un même club. Ici, ça va être le mercato et je n’écarte pas la possibilité de partir. J’ai des propositions. »
La belle aventure croate pourrait donc prendre fin prochainement. Mais où qu’il atterrisse, Lindo Selahi ne compte par tourner le dos à Jambes. « J’adore y revenir. C’est ma ville ! En plus, ici, je n’ai pas besoin de GPS pour trouver mon chemin. » Pour mener sa carrière non plus.
Un rêve: atteindre les sommets avec Namur
Quand Lindon Selahi revient au bercail, c’est un peu le retour de l’enfant prodigue dans cette famille férue de foot. Son cousin Edon, qui joue à Andenne et avec qui il tape la balle dès qu’il peut, ne tarit pas d’éloges. « On se parle presque tous les jours », dit-il. Et Lindon de renchérir: « Je suis ses résultats à distance. »
La distance est géographique. Pas émotionnelle. Surtout lorsque les deux cousins évoquent le football namurois, et la situation actuelle du club fanion, l’UR Namur. « C’est triste. Je ne comprends pas comment une ville comme Namur n’arrive pas à avoir un club en D1 alors que des petites villes flamandes comme Waasland-Beveren parviennent à s’y maintenir. Un jeune joueur namurois qui veut percer doit forcément partir vers Liège ou ailleurs. C’est dommage. Dire que lorsque j’y jouais, on était en D2 », regrette Lindon. Au fond de lui-même, le Jambois aurait voulu atteindre les sommets avec un club du cru. Un rêve auquel il n’a pas renoncé. « J’aimerais un jour reprendre une équipe à Namur et réussir à la faire monter », glisse-t-il, plein d’espoir.
L’Avenir – Bertrand LANI
Publié le 30-11-2022 à 11h47 – Mis à jour le 30-11-2022 à 18h54
https://www.lavenir.net/regions/namur/2022/11/30/namur-lindon-selhai-le-jambois-qui-joue-en-d1-croate-de-tout-coeur-avec-les-diables-et-modric-25R6Z7BMJZDAHCJSSTA47VBCUM/