Fosses : pour la Ville, l’UR Namur pratique toujours l’antijeu
Point saillant de ce court conseil communal, lundi: le collège réattaque en justice pour récupérer son terrain de football, en sale état.
Carton rouge pour l’UR Namur (l’Union Royale Namur). L’échevin des Sports, Bernard Meuter, qui a fait le point sur cette affaire, n’en démord pas. L’autorité communale reproche au locataire namurois du terrain synthétique de Fosses de l’avoir abandonné aux herbes folles, ainsi que ses infrastructures.
Pour rappel, l’UR Namur a absorbé le club fossois (le Racing FC Fosses), et signé une convention d’occupation avec ce dernier. Mais l’aventure de cette fusion sportive a tourné court.
Depuis un an et demi, plus personne n’a tapé un ballon sur les billes en caoutchouc agglomérées du terrain. «La sécurisation des lieux n’est pas assurée, la police a dû intervenir», précise l’échevin. Des dizaines de jeunes, foulant aux pieds la propriété privée, ont ouvert une brèche dans la clôture. Il y a eu effraction dans les bâtiments. Les lieux ont dû être scellés et les contrevenants avertis.
Le collège a bien attaqué le club namurois en justice, et en référé. Elle a plaidé l’urgence en vue de récupérer au plus vite cet outil footballistique qui tourne à rien et prend des airs de terrain fantôme. Mais la juge n’a pas retenu l’urgence. Motif: pourquoi le propriétaire du site voudrait-il récupérer son bien alors que l’UR Namur s’est engagé à y mener des activités?
«Contrairement à ce qui a été dit devant le tribunal, ils n’ont aucun projet pour Fosses et ne font rien. Le terrain ne les intéresse plus. L’UR Namur en recherche un nouveau, plus proche de la piscine de Jambes.» Il est rappelé que le club namurois a proposé un deal pour régler le litige: que la Ville prenne à sa charge une partie du déficit lié à la gestion de l’ancien club, et il lui rendra les installations. «C’est caricaturé, mais c’est clairement ça».
Totalement inacceptable pour la Ville qui n’est responsable de rien dans ce gâchis.
«Le fond de l’affaire sera plaidé en novembre, mais ce qui nous inquiète pour l’heure, ce sont les dégradations liées au non-entretien par les gestionnaires du site.» La pérennité de ce dernier, en matière synthétique donc, et qui exige un entretien régulier, est en péril. Une inquiétude partagée par Françoise Moureau (PS): «Avez-vous pensé demander au juge de pouvoir prendre en charge le seul entretien du terrain, car il n’est même plus brossé. Or, c’est un super-outil pour Fosses, c’est vraiment malheureux d’en arriver là», ce que personne ne conteste autour de la table virtuelle.
Bernard Meuter: «Cela fait partie des remarques qui seront introduites: intervenir au plus vite. Oui, c’est malheureux, mais force est de constater que, à ce jour, nous n’avons même pas l’autorisation d’aller sur les lieux pour le brosser. L’accès nous a été refusé par l’UR Namur.» De toute façon, la brosse rotative spéciale dédiée à l’entretien régulier du terrain a disparu, «elle est utilisée ailleurs, ce qui sera souligné par notre conseil.»
Ahurissant et écœurant
«Nous n’avons même pas l’autorisation de réparer les filets pare ballons», poursuit l’échevin des Sports. Conséquence: des ballons sauvages, dégagés par des vandales, volent et atterrissent dans les jardins des riverains.
Le bourgmestre de Bilderling, en conclusion: «La volonté est là, d’agir en force, sur les plans juridiques, financier et policier, pour limiter les dégâts et récupérer notre terrain.»
Françoise Moureau, scandalisée: «Franchement, Bernard. Ça fait des années qu’on tire la sonnette d’alarme. Aujourd’hui, la situation est plus que critique, avec un terrain où on pourrait aller bouter le feu.»
«Ce qu’on avait à faire a été fait, réplique Bernard Meuter. Dire que les gens qui étaient là avant géraient ou ne géraient pas bien, ce n’est pas ça qui va permettre de récupérer notre installation sportive.» Raison pour laquelle le collège sollicite un nouveau feu vert du conseil, accordé à l’unanimité, pour réattaquer le club en justice, toujours en référé et devant la même présidente. L’urgence est encore plus vive. «Notre avocat a de nouveaux arguments à faire valoir. Mais on ne peut que déplorer la situation.»
Sur le fond de l’affaire, la Ville voudrait marquer un super goal, mais il ne sera donc examiné qu’à l’automne. Un délai qui risque de causer de coûteuses réparations si rien ne bouge.
L’échevin, au-delà, hallucine quant aux pratiques dans le milieu du football, même à cet humble niveau, qui pervertissent le noble objectif de former des jeunes: «C’est plus l’argent qui compte. La formation des jeunes n’est qu’une parade. Quand on paie des joueurs en 2e provinciale, c’est ahurissant. Là, on n’est plus dans le sport mais dans le business. À ce niveau-là, c’est écœurant.»
Pierre WIAME – L’Avenir – 22/4/2021
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